Entretien avec Casper Van Herzele : "Le prix NBN pour le développement durable a lancé ma carrière".
Dernière mise à jour :
8/4/2025
Casper Van Herzele, finaliste du NBN Sustainability Award 2023, a développé Nanto Secure, un passeport numérique pour les vêtements qui répond aux réglementations européennes en matière de durabilité. Nous lui parlons de son expérience avec le prix, de l'impact sur sa carrière et de son travail actuel au CEN et au CENELEC, où il est impliqué dans l'élaboration de normes au niveau européen.
Bonjour Casper, en 2023, vous avez présenté votre thèse au bureau du NBN. Quels sont vos souvenirs de cette journée ?
(Rires) "C'était un moment particulier ! La présentation de ma thèse avait lieu le 31 octobre, et je me souviens m'être brièvement demandé si je devais venir déguisé pour Halloween. Finalement, je ne l'ai pas fait, mais cette idée m'a amusé pendant un moment. C'était en tout cas un moment excitant, parce que vous avez consacré des mois de travail à une étude et que, soudain, vous devez être capable de la transmettre de manière claire et convaincante dans une courte présentation.
J'ai surtout trouvé qu'il s'agissait d'une application précieuse de mes compétences en matière de communication. En tant qu'ingénieur spécialisé dans le développement de produits, vous n'apprenez pas seulement à développer quelque chose de techniquement correct, mais aussi à l'expliquer de manière compréhensible et attrayante. Ma thèse portait sur un passeport numérique pour les vêtements, et il était important de rendre ce concept accessible et concret pour le public. Grâce à cette expérience, j'ai pu constater à quel point il est crucial d'adapter son message à son public, ce qui me sert encore tous les jours dans mon travail actuel.
La présentation elle-même s'est bien déroulée et j'ai reçu de nombreux commentaires positifs par la suite. Non seulement cela m'a donné plus de confiance dans mes recherches, mais cela a également permis d'engager des conversations et de créer des opportunités, en particulier après l'événement de remerciement du NBN.
Sur quoi portait exactement votre thèse ?
"Ma thèse portait sur la formulation de conseils politiques concernant les passeports numériques de produits (DPP) au sein de l'industrie textile, qui constituent un élément clé du règlement de la Commission européenne sur l'écoconception des produits durables (ESPR). L'objectif de cette législation est d'améliorer la durabilité des produits en augmentant leur circularité, leur consommation d'énergie et leur recyclabilité.
Dans le cadre de mes recherches, j'ai analysé la législation et l'ai traduite en un produit concret et pratique appelé Nanto Secure. Grâce à la technologie NFC, les consommateurs peuvent facilement accéder à des informations détaillées sur le produit, telles que les matériaux, les lieux de production et les possibilités de réutilisation ou de recyclage. Cela permet non seulement de promouvoir une consommation plus consciente, mais aussi d'aider les entreprises à fonctionner de manière plus transparente et plus durable, conformément aux nouvelles directives sur l'écoconception.
Quelle a été pour vous la plus grande valeur ajoutée du prix NBN pour le développement durable ?
"Outre la reconnaissance et le prix en espèces, le réseautage a été le plus grand atout pour moi. Je ne m'attendais pas à ce que ma participation me mette en contact avec autant de personnes intéressantes du secteur. Après ma présentation, les gens m'ont immédiatement abordé pour parler de Nanto Secure et de la façon dont les passeports numériques peuvent jouer un rôle dans la mode circulaire.
Les contacts et les conversations qui en ont résulté m'ont aidé à mieux comprendre l'impact des normes sur l'innovation. En tant qu'ingénieur, on se concentre souvent sur la technologie et la conception, mais les normes sont un moyen de définir comment quelque chose peut être appliqué dans la pratique.
En outre, ce prix m'a permis d'élargir ma perspective de carrière. À l'époque, j'étais encore en train de postuler à des emplois et je n'étais pas sûre de la direction que je voulais prendre. Le prix m'a donné la certitude qu'il y avait une place pour les ingénieurs spécialisés dans le développement de produits qui s'intéressent à la durabilité et aux réglementations européennes. C'est ainsi que j'ai pu trouver un emploi au CEN et au CENELEC, où je travaille aujourd'hui.
Le CEN et le CENELEC sont deux organismes européens de normalisation qui élaborent des normes volontaires afin de faciliter les échanges, d'encourager l'innovation et de garantir la qualité et la sécurité des produits et des services. Le CEN se concentre sur divers secteurs tels que la construction, les biens de consommation et l'environnement, tandis que le CENELEC est responsable des normes en matière d'ingénierie électrique. Les deux organisations soutiennent l'économie européenne et la libre circulation des marchandises en contribuant à l'élaboration de normes européennes. Leur travail contribue à la croissance durable, à la compétitivité et au bien-être des citoyens européens.
Comment êtes-vous arrivé au CEN et au CENELEC ?
Après mes études d'ingénieur, j'ai cherché du travail, mais je n'ai pas été emballée par les postes disponibles. A chaque fois, c'était très spécifique alors que je trouvais l'aspect holistique de mes recherches très intéressant. Or, j'ai toujours eu un intérêt pour l'Europe. J'ai donc choisi d'axer ma thèse sur les réglementations européennes. Mais je me suis aussi rendu compte que pour faire quelque chose dans le domaine européen, je n'avais pas encore une connaissance suffisante de ce contexte européen large et horizontal.
J'ai ensuite participé à une école d'été pour me concentrer davantage sur cet aspect européen. Cette expérience s'est avérée cruciale pour ma candidature au CEN et au CENELEC, qui recherchaient un ingénieur industriel connaissant la législation et les normes européennes, ce que j'avais exactement à offrir.
En quoi consiste exactement votre travail ?
"Je travaille en tant que coordinatrice de projets d'élaboration de normes, ce qui signifie que je rassemble des experts, des entreprises et des décideurs politiques pour élaborer de nouvelles normes et mettre à jour les normes existantes. C'est un travail très polyvalent dans lequel je traite à la fois des aspects techniques et réglementaires. Les normes sont souvent le pont entre la législation et la pratique, et mon travail consiste à gérer ce processus afin que les entreprises et les industries puissent s'adapter aux réglementations européennes.
Les sujets que je couvre sont très divers et vastes : explosifs, feux d'artifice, plastiques, acier, construction, engrais.... Ce qui rend mon travail si fascinant, c'est la combinaison de connaissances techniques dans un contexte européen. Cela signifie que je suis en contact avec des spécialistes de différents pays et secteurs européens et que je dois constamment m'informer sur les nouvelles technologies et les innovations. Cela nécessite une vision large des différentes industries, et c'est là que ma formation d'ingénieur s'avère très utile.
Je suis également l'évolution de la législation européenne et la manière dont le CEN et le CENELEC peuvent aligner leurs normes en conséquence. Les réglementations peuvent parfois être abstraites et complexes, mais les normes garantissent que les entreprises disposent de lignes directrices claires pour répondre aux exigences légales. C'est un défi de coordonner ce processus, mais c'est aussi extrêmement intéressant, car vous avez vraiment un impact sur la façon dont la technologie et l'industrie évoluent en Europe".
Vous avez déjà dit que vous vous intéressiez beaucoup à l'aspect européen de l'élaboration des normes. Pourquoi l'Europe en particulier et non, par exemple, l'ISO au niveau international ?
"L'Europe a une méthode de travail unique. La Commission européenne établit des réglementations horizontales, et les normes complètent cette législation par des lignes directrices concrètes. Certaines de ces normes, les normes harmonisées, peuvent être utilisées par les entreprises pour démontrer que leurs produits ou services répondent aux exigences techniques de la législation européenne pertinente. Ces normes européennes constituent un élément important du marché unique européen.
L'Union européenne est composée de différents pays avec leurs propres cultures, mais nous devons être sur la même longueur d'onde. Les normes y contribuent. L'ISO travaille au niveau mondial, certes, mais avec nous, les normes permettent d'atteindre les objectifs européens en matière de marché unique
Quel impact le prix a-t-il eu sur votre carrière ?
"Sans le NBN Sustainability Award, je ne sais pas si j'aurais fini au CEN et au CENELEC. Il m'a mis en contact avec les bonnes personnes et m'a fait prendre conscience de l'importance des normes.
Je recommande à tous les étudiants de participer. Même si vous ne gagnez pas, vous apprendrez énormément. L'expérience de la présentation de votre recherche, du travail en réseau et de la reconnaissance peut vraiment vous ouvrir des portes".
Enfin, pourquoi les étudiants et les jeunes professionnels devraient-ils découvrir les normes ?
"Parce qu'elles sont partout ! Qu'il s'agisse de technologie, de développement durable, de construction ou de chimie, les normes définissent le fonctionnement du monde. Et si vous les comprenez, vous pouvez les utiliser intelligemment.
L'élaboration des normes peut parfois sembler lente et vague, mais elle donne la bonne direction. Elle nous permet de rendre nos produits plus sûrs, moins chers, plus circulaires, etc. Et cette "grande cause", je pense qu'il s'agit d'un fait très "propre".
Vous êtes étudiant ? Vous voulez accéder aux normes ? Découvrez-les sur le portail NBN Edu et prenez une longueur d'avance sur votre carrière professionnelle. Ou vous devez rédiger votre thèse sur le développement durable l'année académique prochaine ? 🚀 Dans ce cas, n'oubliez pas de vous inscrire au NBN Sustainability Award 2025. Qui sait, peut-être serez-vous en finale l'année prochaine !
