Que pouvons-nous attendre de la COP 28 ?

28/11/2023

La COP28, la conférence de Dubaï sur les changements climatiques, approche. Elle s’inscrit dans le cadre de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques). Nous avons interrogé Annelies De Coninck  (The Shift) et Joerdi Roels (QUESS) pour en avoir un avant-goût.

Nous sommes maintenant à mi-chemin sur la voie des objectifs de 2030 fixés par l’accord de Paris sur le climat en 2015. Nous sommes confrontés aux défis du changement climatique dans tous les domaines : des étés chauds, généralement secs, avec des précipitations très concentrées entraînant des inondations. C’est l’un des effets que nous ne ressentons que trop bien ici en Belgique. Si nous ne limitons pas le réchauffement à 1,5 °C, ce cercle vicieux ne fera que s’accélérer. Les projections du sommet sur le climat de 2015 étaient basées sur 3,5 °C. Nous avons demandé à nos experts ce que nous pouvions attendre de la COP 28.

Qu’attendez-vous de la COP 28 ?

Annelies : Ces derniers mois et ces derniers jours ont clairement démontré que nous n’étions pas sur la bonne voie pour respecter les accords conclus à la COP de Paris il y a 8 ans. Au lieu d’un réchauffement maximal de 1,5 °C, les derniers rapports du Global Stock Take (GST) montrent que nous atteindrons au moins 2,5 °C, sur la base des mesures actuelles. C’est problématique, car chaque différence de 0,1°C aggrave de manière exponentielle les effets du changement climatique. Je vois cette COP comme le moment de vérité pour enfin dire adieu à une économie mondiale qui repose principalement sur les énergies fossiles. L’élimination progressive est l’un des principaux objectifs des négociateurs de la COP pour l’Union européenne. De nombreuses entreprises ont également lancé des campagnes pour en convaincre les différents pays. Au sein de l’Alliance belge pour l’action climatique, nous voyons également plusieurs entreprises qui soutiennent activement cette campagne. Nous devons considérablement accélérer l’adoption des énergies renouvelables et d’autres technologies climatiquement neutres si nous voulons atteindre les objectifs de Paris.

Joerdi : Je n’ai pas de boule de cristal, mais je m’attends à ce que la COP 28 tire la sonnette d’alarme. Nous espérons que les résultats provisoires du GST ouvriront les yeux de certains et accéléreront la prise de mesures, ou en augmenteront l’ampleur. D’un point de vue purement technologique, les possibilités sont nombreuses (pensez au captage du CO2 et à l’utilisation de l’hydrogène vert), mais il s’agit toujours de mettre en œuvre cette technologie et de fixer les bons objectifs.

Est-il donc nécessaire de faire ces efforts au niveau mondial ? Chaque pays peut-il fixer ses propres règles ?

Annelies : Oui et non. L’objectif de la COP est de fixer des objectifs communs que chaque pays peut ensuite mettre en pratique. C’est un problème mondial – nous sommes tous dans le même bateau. Cela ressemble à un cliché, mais il n’y a pas d’alternative. Nous devons chercher des solutions sur lesquelles tout le monde peut travailler. Bien sûr, il est nécessaire de nuancer certaines règles au niveau national, mais les objectifs ultimes doivent être définis à plus grande échelle. Tout le monde doit jouer son rôle étant donné le rythme sans précédent auquel nous devons transformer notre économie mondiale.  Au cours des 8 dernières années, de nombreuses bonnes mesures ont été prises et de nouvelles technologies et mesures ont été déployées. On voit donc la courbe des émissions de CO2 en Belgique diminuer, mais elle reste relativement plate. Nos émissions diminuent également à un rythme plus lent que dans la plupart de nos pays voisins. Des actions et des mesures plus nombreuses, et surtout plus rapides, sont donc nécessaires.  

Joerdi : C’est aussi une question de priorisation. Prenez les 3 dernières années : nous avons dû traverser une pandémie mondiale qui nous a obligés à changer complètement notre façon de travailler, du jour au lendemain. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’impact des conflits géopolitiques. Il n’y a qu’à voir les conséquences d’une interdiction d’exporter des puces électroniques sur le marché automobile.

Dans quelle mesure pouvons-nous nous attendre à des directives pratiques ?

Joerdi : Les pays devront décider par eux-mêmes, cela dépend en grande partie du cadre législatif national et régional. Il n’empêche que nous pouvons prendre les devants dans ce domaine. Bien que la Belgique soit principalement un pays de PME, chaque entreprise peut apporter son concours. Il suffit de penser à l’électrification de la flotte de véhicules.

Annelies : De plus en plus d’entreprises tiennent compte de l’impact climatique à long terme dans leurs activités commerciales. Ces entreprises investissent maintenant et voient donc un avantage concurrentiel à long terme. Les investisseurs et les conseils d’administration demandent également de plus en plus aux entreprises d’assumer leurs responsabilités et de prendre en compte les risques et les opportunités à long terme que le changement climatique implique au niveau de leurs activités commerciales.


Vous voulez commencer avec les lignes directrices Net Zero ? Vous trouverez gratuitement la directive IWA42 :2022 dans l’e-shop du NBN. De cette façon, votre organisation peut également contribuer aux efforts mondiaux visant à réduire le réchauffement climatique à 1,5 °C.

La neutralité carbone d’ici 2050 est-elle un objectif réaliste ?

Annelies : Je dirais que la technologie est en grande partie là : l’énergie éolienne, l’énergie solaire, les pompes à chaleur… Les options sont légion. La production et l’installation de ces sources d’énergie verte doivent cependant passer à la vitesse supérieure. Les coûts vont continuer à baisser, gage d’une mise en œuvre plus rapide. Et à propos des coûts, la Banque nationale de Belgique a calculé que la transition vers une économie climatiquement neutre était macroéconomiquement réalisable en Belgique.

Joerdi : C’est aussi une question de choix, nous devons réorienter notre réflexion sur le long terme. Avant de déployer une solution, nous devrions au moins en définir les conséquences. Oui, mais voilà, ces effets ne peuvent être mesurés efficacement qu’après la mise en œuvre et les réglementations sont à la traîne. Il faut avant tout oser agir de manière préventive – mieux vaut prévenir que guérir.

Faut-il considérer les directives comme une fin en soi ou comme un minimum absolu ?

Annelies : En tant que pays, nous devons avoir l’ambition d’y voir un objectif minimum. Il ne faut pas perdre de vue la réalité : pour certaines entreprises de production, il est très difficile de réduire les émissions de CO2 rapidement. Malgré les nombreux investissements dans de nouvelles solutions pour ces situations plutôt exceptionnelles, il s’agit surtout, pour la grande majorité des entreprises, d’accélérer la mise en place de ce qui existe déjà.

Joerdi : Nous constatons également cette attention croissante portée au climat dans le monde des normes ; la structure harmonisée a été revue et approuvée en septembre 2023 dans la plupart des normes relatives aux systèmes de management (ISO 9001, ISO 14001, ISO 45001…). Elles mettent désormais explicitement l’accent sur le climat. Il s’agit plus précisément de cartographier les conséquences du changement climatique pour l’organisation. Les parties prenantes peuvent également fixer certaines attentes, voire des exigences en matière de changement climatique.

Enfin, peut-on s’attendre à un passage de la durabilité à la responsabilité ?

Annelies : La création du fonds pour les pertes et dommages à la COP 27 en est un bon exemple. Ce fonds apporte un soutien financier aux pays les plus touchés par le changement climatique afin de les aider à prendre des mesures. Cela leur donne aussi les moyens d’apporter leur pierre à l’édifice.

Joerdi : Ce sont principalement les pays du G20 qui ont le plus d’impact sur les émissions. Prenez le continent africain : bien qu’il ait moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre, il est beaucoup plus impacté par le changement climatique. Il ne s’agit bien sûr pas d’une solution à long terme. Il faut régler le problème à la source. En offrant une plateforme de concertation, la COP 28 fournit une bonne base pour ce faire.


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